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La maladie de Parkinson touche quatre millions de personnes dans le monde. Plus de 25 000 nouveaux cas sont déclarés en France chaque année. Les traitements ont été améliorés de manière spectaculaire en vingt ans sans pourtant parvenir à enrayer la maladie. La recherche, très mobilisée, continue à travailler sur de nombreuses pistes prometteuses.
En France, la maladie de Parkinson est le syndrome cérébral le mieux étudié et la recherche le concernant est très active, qu’il s’agisse d’améliorer la prise en charge de la maladie ou de retarder son apparition.
Les traitements existants et leur évolution
Au cours des deux dernières décennies, les chercheurs ont permis de réaliser des avancées significatives dans la diminution des symptômes et progressent toujours vers l’amélioration des traitements.
Traitements pharmacologiques
Administrés le plus souvent par voie orale, les traitements actuels consistent à restaurer les concentrations normales de dopamine ou à utiliser des mimétiques(1). Ils provoquent encore de nombreux effets secondaires (troubles digestifs, voire psychiques) mais offrent un bon niveau d’autonomie au malade. Lorsque les comprimés deviennent moins efficaces, des pompes à dopamine sous-cutanées ou reliées au système digestif peuvent prendre le relais. Les recherches s’orientent désormais vers la thérapie génique (à découvrir ci-dessous) pour une stimulation continue et locale de la dopamine, contrairement à la prise orale qui agit de manière discontinue et induit les effets secondaires.
Traitements chirurgicaux
Les implantations d’électrodes dans le cerveau permettent une Stimulation cérébrale profonde (SCP) du malade, et apportent de bons résultats. Initiée dès 1997, cette méthode de neurostimulation s’adresse uniquement à des patients répondant à certaines conditions (moins de 70 ans, non-diabétiques, sans insuffisance cardiaque ou respiratoire, etc.) et qui commencent à ressentir des complications motrices invalidantes. Les malades qui présentent de légères altérations cognitives ne peuvent être candidats à la SCP. Ils pourraient en revanche, à terme, bénéficier de la thérapie génique (à découvrir ci-dessous).
Rééducation et activités physiques
La pratique d’exercices physiques occupe aujourd’hui une place essentielle dans le traitement de la maladie. Les méthodes de rééducation physique et orthophonique permettent d’améliorer grandement la qualité de vie des parkinsoniens. La méditation, le yoga ou encore la balnéothérapie, associés au traitement, aident à réguler le stress du malade. On recourt également de plus en plus souvent à des techniques thérapeutiques innovantes telles que la réalité virtuelle, physiothérapie robotique assistée(2) ou encore les « serious game »(3) pour stimuler les patients.
Yoga pour le cerveau L’implantations d’électrodes dans le cerveau permet une stimulation cérébrale profonde |
Des pistes de recherches prometteuses
De nombreuses équipes se mobilisent, partout dans le monde, autour de la recherche de nouvelles pistes thérapeutiques. Chaque année, la journée mondiale de Parkinson a lieu le 11 avril et permet de faire un état des lieux de la recherche. En 2017, à l’occasion de la journée mondiale en France, se sont tenus une cinquantaine d’événements entre le 1er avril et le 20 mai en présence de médecins, spécialistes et experts. L’objectif ? Partager, informer et transmettre des messages d’espoir.
Une diminution de la surcharge en fer
Un taux trop élevé de fer dans le cerveau serait à l’origine d’une dégénérescence des neurones. En 2014, les premiers résultats positifs de l’utilisation d’un médicament existant, la défériprone (DFP) chez les malades parkinsoniens ont été communiqués. Prise à faible dose, cette molécule est capable de redistribuer le fer des zones surchargées vers celles qui en ont besoin. Depuis ce test pilote, une étude à l’échelle européenne est en cours, impliquant 8 centres français. Elle établira, à horizon 2020, si la défériprone peut être prescrite en cas de maladie de Parkinson.
La thérapie génique
La thérapie génique consiste à introduire des gènes thérapeutiques dans des cellules ciblées pour pallier certaines déficiences, notamment en dopamine, de manière continue et locale. Cette stratégie alternative au traitement oral actuel pourrait éviter les effets secondaires.
Grâce à l’imagerie, le neurochirurgien navigue précisément dans le cerveau. Une pompe injecte le médicament contenant les gènes pour reprogrammer les cellules. Ces dernières se mettent à fabriquer et à sécréter la dopamine qui fait défaut chez les patients parkinsoniens. Depuis le début du protocole, et après six ans de travaux, aucun effet indésirable n’a été rapporté et les résultats sont prometteurs. Un essai contre placebo est en cours depuis fin 2015 dans plusieurs centres en France. Les résultats seront connus d’ici 2019.
Les facteurs neurotrophiques
Les facteurs neurotrophiques sont naturellement produits dans le cerveau et aident à la survie des neurones. Des études cliniques sont menées sur leur augmentation qui pourrait favoriser un ralentissement de la maladie. Un autre procédé est également testé : une minipompe injectant directement les facteurs neurotrophiques dans la zone du cerveau concernée. Reste à en contrôler les effets secondaires et à éviter l’apparition de tumeurs.
La lumière infrarouge
La diffusion intracérébrale de la lumière infrarouge sur des zones très localisées du cerveau de manière peu invasive pourrait ralentir le développement de la maladie et induire de réels progrès cognitifs. Des études sur l’innocuité de l’illumination NIR (Near Infra Red) sont en cours depuis 2011. Objectif : identifier les dosages et les fréquences les plus efficaces pour intégrer ce traitement au parcours de soin parkinsonien.
Les biomarqueurs
Depuis 2002, la recherche d’une caractéristique biologique mesurable propre à la maladie de Parkinson est en cours, impliquant de nombreux centres experts dans le monde. Cette étude à grande échelle suit des volontaires pendant plusieurs années. La création d’une banque de données cliniques permettrait, à terme, d’identifier les personnes à risques ou à un stade précoce de la maladie. Identifier ce biomarqueur, cette étiquette biologique liée à une fonction et à une activité normale ou pathologique dans le corps, révolutionnerait le diagnostic et la gestion de la maladie.
Les vaccins thérapeutiques
La protéine alpha-synucléine est très abondante dans le corps et dans le cerveau. Lorsqu’elle prend une forme anormale, elle semble jouer un rôle important dans la maladie. Des essais d’immunothérapie sont actuellement réalisés pour produire des vaccins thérapeutiques (et non préventifs) qui agiraient sur la maladie déjà en cours en réduisant la quantité de protéines toxiques.
La nicotinothérapie
La nicotine est un neuromédiateur qui agit sur les neurones du système nerveux central. Dotée de propriété anti-oxydante, elle protégerait les cellules contre les effets néfastes des toxines. Un test pilote semble indiquer que les patchs de nicotine à haute dose réduisent les symptômes liés à la maladie. Il faut désormais attendre les conclusions des études contre placebo.
La radiochirurgie
Non invasive, la radiochirurgie par Gamma Knife (4) permet d’opérer sans ouvrir la boite crânienne, en créant une petite lésion. Elle est particulièrement indiquée en cas de contre-indications à la SPC (à découvrir ci-dessus). Si elle peut agir efficacement sur le tremblement sévère, elle reste néanmoins une méthode irréversible à envisager prudemment.
Les cellules souches
La recherche travaille à l’élaboration d’une greffe de cellules souches depuis 15 ans. Grâce à cette transplantation, les neurones perdus pourraient être remplacés, apportant un moyen standardisé de lutter contre la maladie. Il est cependant trop tôt pour savoir si cette alternative aura de meilleurs résultats que les médicaments ou la neurochirurgie.
Cet article en synthèse . La maladie de Parkinson bénéficie aujourd’hui de traitements qui agissent sur les symptômes mais restent inefficaces sur l’évolution de la maladie. . La recherche mondiale se mobilise pour apporter des améliorations aux traitements actuels. . Des pistes prometteuses existent pour que la progression de la maladie puisse un jour être stoppée. |