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Drôle de paradoxe : alors que nous bénéficions d’une espérance de vie de plus en plus grande, le risque que nous encourons d’être touché par une maladie neurodégénérative, telle que la maladie de Parkinson, est de plus en plus important ! Une tendance inexorable qui pourrait conduire à un risque majeur de santé publique à l’horizon 2030.
Toujours plus de personnes atteintes
La maladie de Parkinson est l’affection neurologique dont le nombre de cas a le plus augmenté en 25 ans dans le monde. En 2010, la maladie concernait un peu moins de 150 000 personnes en France. Fin 2015, environ 167 000 patients parkinsoniens étaient traités, et 6,3 millions de malades recensés sur la planète, soit plus du double que dans les années 1990. Avec environ 25 000 nouveaux cas par an, elle touche aujourd’hui 200 000 personnes en France, et plus d’un million en Europe.
La hausse semble inéluctable
En l’absence de traitement curatif de la maladie à ce jour, les perspectives concernant l’évolution du nombre de malades ne sont pas encourageantes. En prenant en compte l’allongement de l’espérance de vie et les projections démographiques, les spécialistes estiment que le nombre de patients parkinsoniens pourrait augmenter de 56% à l’horizon 2030. La maladie concernerait alors 260 000 personnes en France, avec 1 personne sur 120 de plus de 45 ans frappée par cette pathologie. Au plan mondial, c’est au minimum 12 millions de personnes qui pourraient être atteintes.
Plus de malades, et une mortalité plus importante
L’augmentation du nombre de cas de Parkinson s’accompagne également, mécaniquement, d’une hausse de la mortalité chez les patients. Elle est deux fois plus élevée que celle de la population générale. Cette mortalité est surtout liée à des conséquences de la maladie comme, notamment, des chutes et des pneumopathies d’inhalation (trouble de la déglutition).
Pourquoi le nombre de malades croit-il si vite ?
Le vieillissement de la population et l’amélioration de l’espérance de vie sont les premiers responsables de l’accroissement du nombre de malades. Rien qu’en France, les personnes âgées de plus de 65 ans représentent 19% de la population, et justement la prévalence de la maladie augmente avec l’âge de manière continue entre 45 et 80 ans (elle touche environ 1% des personnes âgées de plus de 65 ans), avant d’atteindre un pic entre 85 et 89 ans !
Parallèlement au vieillissement de la population, le rôle joué par notre environnement et notre hygiène de vie semble également décisif. Alors que nous sommes de moins en moins nombreux à nous livrer à une activité physique, nous sommes de plus en plus soumis à une exposition récurrente aux pesticides et aux solvants utilisés dans l’industrie. Il en est de même avec les métaux lourds, notamment le plomb, le mercure et le cadmium présents en quantité anormales dans l’air, l’eau potable, le sol, la poussière domestique et les aliments.
Des incidences à prévoir
L’accroissement du nombre de personnes atteintes n’est pas sans répercussion. Il implique à terme une forte augmentation des coûts de traitement sachant qu’ils sont aujourd’hui d’environ 780 millions d’euros, et soulève la problématique de la prise en charge des personnes dépendantes pour les prochaines années.
Des gènes à suivre de près
Dans le cadre des approches de prévention et de traitement de la maladie, les travaux récents d’une unité de l’Inserm démontrent que deux gènes – RXRA et SLC17A6 – pourraient moduler la relation entre le tabac et la maladie de Parkinson. Parce que les deux protéines codées par ces gènes jouent un rôle dans la neurotransmission, ces travaux soutiennent l’idée d’une protection conférée par le tabac en relation avec un mécanisme biologique sous-jacent. L’identification de ces molécules responsables de cette interaction, ainsi que les mécanismes biologiques impliqués, feront prochainement l’objet d’une nouvelle étude menée au sein d’un panel de patients plus large afin de valider entièrement les résultats.
Sources : Journal of Parkinson’s Diseases et Santé publique France
Cet article en synthèse . Le nombre de malades atteints de Parkinson a doublé depuis les années 90 et devrait encore doubler d’ici 2030 par rapport à 2015. . L’expansion de la maladie est due au vieillissement de la population et à l’allongement de la durée de vie. . L’augmentation du nombre de malades s’explique aussi par des causes environnementales : pesticides, solvants, métaux lourds. |