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Manier les couverts et s’asseoir à table est souvent difficile pour les personnes dépendantes. Moins autonomes, elles se sentent diminuées, perdent l’appétit… La méthode « manger mains » leur propose une alimentation variée et adaptée. Les repas, sous forme de bouchées, se consomment facilement avec les doigts, même en déambulant. Objectif : stopper la dénutrition en retrouvant le plaisir de s’alimenter.
Les évolutions de la maladie d’Alzheimer ou de pathologies dégénératives telles que la maladie de Parkinson sont lourdes de conséquences pour les patients, les privant peu à peu de leur autonomie. Être dans l’incapacité de tenir sa fourchette, de rester en place, de manger sans aide, outre le risque de dénutrition, les prive également du plaisir de manger.
Une démarche initiée par les hôpitaux
En France, certaines unités de soins ont pris la décision d’expérimenter le mode d’alimentation « manger mains ». Le but ? Freiner la dénutrition chronique et favoriser l’autonomie des patients en leur permettant d’utiliser leurs doigts.
Dès 2013, les CHU de Rennes et de Nancy, le centre hospitalier d’Auxonne (Côte-d’Or), entre autres, ont mis en place le « manger mains » dans leurs services. Les premiers essais ont permis de tester des aliments à texture modifiée et d’observer les réactions des résidents atteints d’Alzheimer ou de maladies apparentées. Tous ont pris plaisir à consommer ces « bouchées » avec leurs doigts. Les recettes ont été améliorées, enrichies.
D’excellents résultats ont été obtenus. L’expérience a depuis été poursuivie et a même été étendue à des patients présentant des pathologies différentes. À la clef, une très nette diminution des refus alimentaires et une reprise de poids générale des patients accueillis au sein des services concernés.
Vaincre les réticences
Pour l’entourage, voir un proche diminué par la maladie manger avec ses doigts peut être mal perçu. La personne dépendante elle-même a un sentiment de régression. En généralisant le « manger mains », les équipes des unités de soins ont aidé à vaincre les résistances de l’entourage et du malade.
En effet, habituellement, lorsqu’un patient éprouvait des difficultés à se nourrir par lui-même, les aidants prenaient le relai. Ils lui donnaient à manger à la cuillère, comme à un petit enfant. Ils le plaçaient dans une situation de perte d’autonomie infantilisante extrêmement mal vécue. Et le repas, acte ordinaire et agréable de la vie quotidienne, se transformait souvent en véritable épreuve pour le malade comme pour les aidants familiaux ou professionnels.
Avec le « manger mains », on privilégie le plaisir des personnes dépendantes. L’important est qu’elles se nourrissent seules, suffisamment, à leur rythme et sans contrainte.
Menus adaptés et aliments à texture modifiée
Réussir la transition vers le « manger mains » à la maison, c’est s’approprier une nouvelle manière de cuisiner. Il est impératif de préparer et de présenter les aliments différemment, pour les rendre plus appétissants, plus faciles à manier. À la manière des cocktails dînatoires…
Quelques conseils pratiques de base pour préparer ce type de repas :
Le « manger mains » à la maison demande de l’adaptation |
Dénutrition stoppée, bien-être accru
Le risque de dénutrition augmente avec la progression des troubles de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés. Les malades refusent de s’alimenter de manière traditionnelle, ont un système immunitaire fragilisé, souffrent davantage d’escarres ou de fractures. Ils se replient sur eux et perdent peu à peu leur autonomie.
Les encourager à consommer leur nourriture sous forme de bouchées à la main stimule a contrario leur appétit. Les malades qui ont des pratiques de déambulation peuvent ainsi se nourrir en marchant. Ce besoin compulsif de se déplacer exprime une angoisse, un stress. Pour ces personnes, rester à table est perçu comme une frustration. Lorsque ce comportement s’installe, il devient alors compliqué de les nourrir correctement. Grâce au « manger mains », la dénutrition diminue très sensiblement. Or, la stabilisation du poids est un atout majeur dans la prise en charge de la personne dépendante.
La lutte contre la dénutrition est, en effet, un enjeu de santé publique. France Alzheimer et maladies apparentées œuvre depuis plusieurs années à favoriser cette prévention en faisant partie notamment du Collectif de lutte contre la dénutrition créé en 2016. Ce collectif s’est donné pour objectif de prévenir, dépister et prendre en charge les personnes souffrant de dénutrition en créant un événement annuel : la semaine de la dénutrition en novembre.
Les associations départementales de France Alzheimer et maladies apparentées mettent en place et en particulier lors de cette semaine de la dénutrition des actions autour du bien manger (ateliers de cuisine, conférences…) pour informer et pour permettre de retrouver le plaisir de manger.
À vos fourneaux !
Découvrez le manger mains avec une recette proposée et filmée par France Alzheimer et maladies apparentées dans le cadre de la semaine de la dénutrition 2023 : les cupcakes brocoli ricotta.
Vous trouverez d’autres recettes dans la rubrique Cuisine et (in)dépendance.
Pour les malades qui déambulent, rester à table est perçu comme une frustration « Grâce au manger mains », ils peuvent se nourrir en marchant |
Cet article en synthèse . Depuis peu, le « manger mains » mis en place dans les hôpitaux s’est généralisé. Le principe : des bouchées et des recettes à consommer avec les doigts. . Grâce à ce mode d’alimentation, les malades retrouvent le plaisir de manger. . Le « manger mains » est une pratique que l’on peut adapter au maintien à domicile. |