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De récentes études le prouvent : le rapport entre la perte d’audition et la maladie d’Alzheimer est établi. La déficience auditive mène au repli sur soi et à l’isolement. On sait désormais qu’elle altère également les fonctions de mémorisation. Elle pourrait donc constituer un facteur aggravant dans l’apparition de certaines maladies dégénératives.
En France, près de 5 millions de personnes souffrent de troubles auditifs. Avec, à la clé, une difficulté croissante à maintenir le lien social. Exclus des conversations, les malentendants communiquent moins, restreignent leurs activités de loisirs et finissent par se replier sur eux. Mais la perte de décibels semblerait également avoir des conséquences sur le déclin cognitif voire sur le développement de la maladie d’Alzheimer.
Des facultés de mémorisation altérées
L’audition fait appel à des aires du cerveau liées à la mémoire. Lorsque le patient n’entend plus, ces zones sont désactivées. Il ne perçoit plus les bruits habituels, sa plasticité neuronale est moins stimulée et ses réserves cognitives globales s’amenuisent.
La mémoire se construit en effet à partir des informations transmises par nos sens. Si l’un d’entre eux, comme l’ouïe est ou devient défaillant, elle n’a plus accès aux fonctions d’archivage et de traitement.
Ainsi, pour suivre une conversation dans un environnement bruyant, nous avons recours aux informations sonores et visuelles en lisant sur les lèvres. Or, comprendre la parole lorsque l’audition est défaillante nécessite une concentration intense. Les traitements au niveau des aires auditives sont plus nombreux car l’information sonore, déformée, n’est plus reconnue. Le stockage de la mémoire est rendu plus difficile et la fatigue accrue. Les troubles auditifs jouent donc véritablement un rôle dans le manque de stimulation intellectuelle et dans la dégradation des capacités cognitives et mémorielles.
Troubles auditifs et maladie d’Alzheimer
Une étude américaine publiée en 2013 (1) estime à 36 % l’impact direct des troubles auditifs sur la démence. Les personnes souffrant d’une perte de l’audition sont ainsi exposées à un risque 30 à 40 % plus élevé de subir un déclin cognitif que les autres.
La même équipe de chercheurs américains a suivi des patients sur près de vingt ans. Elle a démontré que, pour chaque dizaine de décibels perdue, les malentendants auraient 20% de risques supplémentaires de développer une démence (2).
Quant à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), il a confirmé en 2015 que le déclin cognitif est accru chez les personnes présentant une déficience auditive et ce, dès l’âge de 25 ans.
Même si les études n’ont pu mettre en évidence une corrélation directe, il semblerait que les problèmes d’audition contribuent de manière significative à l’apparition de la maladie d’Alzheimer.
L’impact direct des troubles auditifs sur la démence est estimé à 36% Les personnes souffrant d’une perte d’audition sont exposées à un risque de déclin cognitif 30% à 40% plus élevé |
L’appareillage précoce, une prévention indispensable
Il apparait donc important d’agir le plus tôt possible et d’appareiller dès qu’un trouble auditif se manifeste. Un appareillage auditif précoce augmente la captation des sons, stimule le système auditif central et améliore la plasticité cérébrale. Le port de prothèses auditives constitue de fait un bénéfice indéniable sur la qualité de vie en évitant l’isolement.
(1) Etude menée par le Professeur Franck Lin, publiée dans Revue Archives of Neurology, 2011
(2) Etude menée par le Professeur Franck Lin, publiée dans Aging and Mental Health, 2013
Cet article en synthèse . La déficience auditive mène peu à peu à l’isolement social, au repli sur soi. . Elle affecte également les fonctions de mémorisation qui ne sont plus sollicitées. . Une prothèse auditive peut freiner le déclin cognitif. |