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Par principe de précaution et, à défaut d’avis du médecin traitant, les professionnels en Ehpad privilégient souvent l’hospitalisation en urgence de leurs résidents. Il existe pourtant des moyens pour ne pas recourir systématiquement à ces hospitalisations. Ils sont proposés dans un rapport du Think Tank Matières Grises qui réunit les principaux acteurs de la filière d’accueil et de prise en charge de la personne âgée. Il ne faut pas oublier que l’hospitalisation d’une personne âgée peut affecter considérablement son état émotionnel et précipiter son déclin fonctionnel et cognitif.
Systématiser la Pharmacie à Usage Interne (PUI)
Le taux d’hospitalisation dans les Ehpad qui sont dotés d’une Pharmacie à Usage Interne (PUI) est très inférieur à ceux qui n’en disposent pas. La présence d’une PUI au sein de l’établissement se traduit par une réduction du nombre de prescriptions inappropriées en amont et donc du risque d’iatrogénie médicamenteuse (effets indésirables provoqués par la prise d’un ou plusieurs médicaments) conduisant vers les urgences. Rappelons que l’iatrogénie médicamenteuse compte parmi les premières causes d’hospitalisation des personnes âgées.
Recourir à l’Hospitalisation À Domicile (HAD)
Les conséquences psychologiques d’une hospitalisation sont toujours importantes pour une personne âgée. C’est pourquoi il est important de généraliser la possibilité de recevoir des soins complexes de nature hospitalière sur son lieu de vie et, notamment, en Ehpad. Pourtant, cette pratique est aujourd’hui peu fréquente. En effet, si les interventions au domicile des personnes âgées sont parfaitement maîtrisées, notamment l’hospitalisation ambulatoire, il reste à résoudre des problèmes structurels et organisationnels pour les intégrer pleinement et rapidement dans les filières de soins gériatriques.
Renforcer les capacités de soins de nuit
Les expérimentations menées dans plusieurs établissements démontrent que la mise en place d’une « permanence » d’infirmier de nuit offre de nombreux avantages. Dans des Ehpad plus médicalisés, répondant aux besoins croissants des résidents accueillis, l’infirmier de nuit permet, tout d’abord, une meilleure prise en charge des soins non programmés la nuit avec, comme conséquence, la réduction de la moitié du taux global d’hospitalisation. Cette permanence offre aussi la possibilité de réaliser certaines interventions programmées qui, de ce fait, permettent de réduire la durée d’hospitalisation et, mieux encore, de l’éviter pour certains résidents nécessitant des soins techniques en fin de vie.
Accroître la formation des équipes soignantes
Trop d’aides-soignants ne sont pas en mesure d’analyser seuls une situation au cours de la nuit et, donc, de donner les informations utiles au régulateur lorsqu’ils appellent le centre 15. La formation des équipes soignantes à un recours optimal au SAMU et aux services des urgences est donc essentielle pour éviter une hospitalisation inutile, délétère dans de nombreux cas et, à l’inverse, pour y recourir de manière pertinente lorsque celle-ci s’avère indispensable. Ce dispositif vise à permettre aux professionnels des Ehpad de mieux connaître l’urgence et de s’y préparer afin de communiquer plus efficacement avec les services concernés lorsqu’ils sont face à une situation qu’ils ne maîtrisent pas.
Favoriser la télémédecine
Alors que les résidents sont de plus en plus polypathologiques et que les besoins gériatriques augmentent, on note une réduction très nette des visites du médecin traitant en Ehpad. Face à ce phénomène, la possibilité d’organiser une téléconsultation avec celui-ci est donc une alternative intéressante pour gérer les soins non programmés et les situations d’urgence, plutôt que de diriger systématiquement le patient vers l’hôpital. Tous les professionnels s’accordent en effet pour dire qu’il n’y a pas de meilleur médecin du soin non programmé que le médecin traitant en raison de sa connaissance du dossier médical. Mais la télémédecine ne se limite pas aux téléconsultations. La téléexpertise et la téléassistance permettront bientôt, au travers de permanences téléphoniques ou numériques, un accès plus facile aux spécialistes, en gériatrie notamment.
Cet article en synthèse . L’hospitalisation est souvent délétère pour les personnes âgées. . Il existe en Ehpad différents leviers pour limiter le recours aux hospitalisations : mise en place d’astreintes infirmières, de soins de nuit, de soins palliatifs, formation des équipes soignantes, déploiement de la télémédecine et des Pharmacies à Usage Interne. |