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L’accueil des seniors atteints du VIH en maison de retraite se heurte encore très souvent aux préjugés liés à la maladie et à une insuffisante formation des équipes soignantes.
Environ 50 000 personnes de plus de 50 ans vivent aujourd’hui avec le VIH, dont environ 10 000 de plus de 60 ans. Certains commencent à s’inquiéter de l’accès aux maisons de retraite. Car tout porte à croire que les idées reçues accolées au Sida franchissent aussi la porte des Ehpad.
Ces dernières années, des enquêtes régionales menées par les COREVIH* révèlent la persistance d’attitudes discriminatoires à l’égard des personnes âgées séropositives. Des Ehpad interrogés affirment que le « VIH constitue un frein à l’admission ».
Plusieurs raisons expliquent cet amer constat pour les seniors atteints par la maladie :
- la méconnaissance de la pathologie fait naitre des peurs chez les soignants et les autres résidents,
- les seniors porteurs du VIH eux-mêmes appréhendent d’être jugés en raison de leur séropositivité. Ils craignent également le coût d’entrée en Ehpad (certains ayant eu une carrière courte et en dents de scie en raison de la maladie),
- le manque de préparation des équipes,
- la crainte d’une contamination accidentelle dans la structure et des relations sexuelles à risque entre résidents,
- les régimes de tarification de certains Ehpad peuvent les inciter à ne pas accueillir de résidents ayant des coûts de traitement lourds.
Quelles solutions pour améliorer la prise en charge ?
Dans un article publié sur le site Silvereco, Franck Barbier, responsable santé de l’association Aides, estime que « il faudrait sensibiliser tous les personnels des Ehpad au besoin d’une bonne observance des traitements du VIH/sida, mais aussi pour lever les éventuelles craintes sur cette pathologie dans le cadre d’une maison de retraite. Il faudrait imaginer une charte ou un label, indiquant qu’un établissement accepte les différences, aussi bien des migrants que des homosexuels ou des séropositifs ».
Même écho à la Direction Générale de la Santé. Un rapport sur le vieillissement des personnes infectée par le VIH** recommande la formation des équipes dans les institutions d’hébergement pour faire évoluer les connaissances et les compétences, les mentalités et les peurs.
« Que ce soit dans les secteur de l’aide à domicile où dans les institutions d’hébergement de personnes âgées, le personnel aidant/soignant est rarement formé à l’accueil des personnes séropositives. Mais parler de séropositivité nécessite aussi d’aborder les thèmes comme la sexualité des personnes âgées, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et les problèmes de santé propres aux minorités. Tous ces thèmes ne sont jamais abordés lors de la formation initiale des intervenants. », écrit Francis Carrier, militant de la lutte contre le sida et fondateur de l’association GreyPRIDE, dans un article intitulé Vieillir avec le VIH.
Il précise aussi que GERONFOR (organisme de formation de la FNAQPA), en collaboration avec GreyPRIDE, proposera en 2020 des modules de formation sur la sexualité et le VIH ainsi qu’un label « GreyPRIDE Bienvenue» pour les EHPAD et l’aide à domicile.
Enfin, il semble nécessaire de rappeler les exigences du secret médical. Dans certains Ehpad, la demande d’admission d’un patient VIH s’ébruite bien au-delà des professionnels du soins.
Dans tous les cas, l’accueil en Ehpad d’un patient VIH se prépare, comme le souligne le rapport de la Direction générale de la santé, au travers d’une sensibilisation, d’une information et de réflexions en interne.
* COREVIH (Coordination régionale de lutte contre le virus de l’immunodéficience humaine) de Bourgogne Franche Comté, Lyon Vallée du Rhône, Ile de France Nord
** Etude sur la prise en charge des personnes vieillissantes vivant avec le VIH/SIDA. Mars 2013.
Cet article en synthèse . Les progrès de la médecine permettent aux seniors atteints par le VIH de vivre de plus en plus longtemps, posant la question de l’accueil en Ehpad. . Le VIH reste un frein majeur à l’entrée des seniors séropositifs en institution. . Une meilleure formation des équipes faciliterait l’accueil des personnes âgées séropositives. |