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Un article paru au mois d’avril 2019 dans la revue Alzheimer’s & Dementia démontre que la perte d’audition pourrait être associée à l’apparition de problèmes cognitifs « subjectifs ». Cette étude, réalisée par des chercheurs américains, renforcerait le lien mis en évidence depuis une dizaine d’années entre la perte d’audition et la maladie d’Alzheimer.
Une étude minutieuse durant 8 ans
Entre 2008 et 2016, 10 107 professionnels de santé, des hommes âgés de 62 ans en moyenne, ont fait l’objet d’un suivi régulier par le Brigham and Women’s Hospital de Boston. Au début de l’étude, ils devaient déclarer s’ils avaient des problèmes d’audition (légers, modérés ou graves) et s’ils étaient appareillés ou non. Une évaluation régulière tous les 2 ans a permis d’évaluer leur déclin cognitif.
Rappelons que les troubles cognitifs concernent la détérioration des processus mentaux de la mémoire, du jugement, de la compréhension, et du raisonnement.
Des résultats significatifs
Comparé aux hommes sans déficit auditif, le risque relatif de déclin cognitif a été démontré chez les hommes qui n’avaient pas utilisé de prothèses auditives. Il est de :
- 30 % plus élevé lors d’une perte auditive légère,
- 42 % plus élevé lors d’une perte auditive modérée,
- 54 % plus élevé lors d’une perte auditive sévère.
Chez les hommes qui avaient subi une perte d’audition sévère mais qui recouraient à des prothèses, le risque n’était accru que de 37%.
Identifier les personnes les plus vulnérables
Le Dr Sharon Curhan, principal auteur de l’étude, précise : “Nos résultats montrent que la perte d’audition est associée à l’apparition récente de problèmes cognitifs pouvant indiquer des modifications précoces de la cognition. Ces résultats peuvent aider à identifier les individus les plus exposés au risque de déclin cognitif…”
Considérer la baisse d’audition comme un marqueur
Bien que les mécanismes expliquant ce lien ne sont pas encore mis en évidence, la baisse d’audition constatée vers l’âge de 50 ans pourrait être un marqueur de la présence de lésions pathologiques qui déboucheront sur des symptômes de la maladie d’Alzheimer 20 ou 30 ans plus tard.
Dans tous les cas, mieux vaut s’appareiller
L’étude américaine ne montre pas d’amélioration statistiquement significative chez les hommes appareillés par rapport à ceux non appareillés. Pour autant, une étude française issue de la cohorte Paquid (2015) a montré que l’utilisation d’aides auditives ralentissait le déclin cognitif. Dans le doute, il serait donc préférable de s’appareiller, ne serait-ce que pour éviter l’isolement et la perte de lien social.
Source : Alzheimer’s & Dementia – The journal of the Alzheimer’s association
April 2019 – Volume 15, Issue 4, Pages 525–533
Cet article en synthèse . Une étude américaine à grande échelle démontre le lien entre la perte d’audition et le déclin cognitif. . Détecter la perte d’audition pourrait aider à identifier les individus présentant un risque plus fort de déclin cognitif. . Bien que restant à démontrer, le recours à l’appareillage auditif pourrait ralentir le risque de déclin cognitif. |