Le déni de la dépendance chez la personne âgée est un passage quasiment obligatoire dans le processus d’acceptation de perte d’autonomie. Il s’accompagne d’un refus de l’aide difficile à gérer au quotidien pour les professionnels comme pour les proches. Afin d’y faire face, il est important de comprendre les motivations de la personne âgée.
Aujourd’hui, 90 % des Français souhaitent vieillir chez eux, et ce, le plus longtemps possible. Habituées à leur indépendance, les personnes âgées ne voient donc pas d’un bon œil leur perte d’autonomie et ses conséquences sur leur vie quotidienne.
Pourquoi le déni de perte d’autonomie ?
La forte médicalisation de la gérontologie en France induit une véritable peur de l’hospitalisation chez la personne âgée malade.
De même, le diagnostic d’une maladie invalidante, comme la maladie d’Alzheimer, peut être un sujet tabou pour la personne elle-même comme pour ses proches.
Garder la maîtrise de sa vie est un incontournable pour les personnes âgées et l’intrusion de professionnels dans leur quotidien (auxiliaire de vie, aide à domicile, etc.), peut entraîner de fortes réticences.
La personne âgée qui sent ses capacités diminuer met ainsi en place inconsciemment des mécanismes de défense pour « déformer » la réalité. En se voilant la face, elle se sent légitime pour refuser la perte d’autonomie.
Les cas de déni profond entraînent des situations de refus d’aide et/ou de soins. Pour les professionnels de l’aide à domicile, mais aussi pour les proches, la question est alors de savoir comment mettre en place une prise en charge adaptée.
Quelle(s) stratégie(s) adopter ?
• Entrer en communication
Dans une situation de déni de perte d’autonomie, identifier rapidement la personne qui sera capable d’établir la relation avec votre aîné est primordial. Cela peut être un proche ou un intervenant qui pourra évaluer en amont les premières aides à mettre en place.
• Créer la confiance
La relation d’aide s’inscrit dans un lien de confiance où l’aidant est là pour accompagner la personne âgée. Avant d’avancer dans la prise en charge de ses besoins, assurez-vous que ce climat de confiance est instauré. Votre proche a besoin de se sentir en sécurité : changer d’intervenant ou de référent, c’est risquer de couper définitivement le contact.
• Expliquer sans infantiliser
Respectez votre proche en prenant le temps d’expliquer avec des mots simples, en évitant le jargon professionnel qui peut faire peur. Soyez aussi à l’écoute de votre aîné et de sa souffrance.
• Respecter les choix
La personne âgée doit se sentir libre de ses choix, sinon elle risque de se braquer. Qu’il s’agisse de vous ou de l’intervenant, n’insistez pas. Au contraire, tentez de vous adapter à ses habitudes de vie en lui laissant une “marge de manœuvre”.
• Adopter un discours unique
Enfin, il est essentiel que tous les intervenants autour de la personne dans le déni de sa perte d’autonomie aient le même discours. Cela suppose un travail en concertation afin de privilégier des messages de projection et d’anticipation sur la perte d’autonomie. Ainsi seulement votre proche comprendra et acceptera progressivement de l’aide.
Cet article en synthèse
- Aujourd’hui, 90 % des personnes âgées souhaitent rester chez elles. Ce désir d’indépendance les amène inconsciemment à mettre en place des mécanismes de défense qui déforment la réalité et les font entrer dans le déni de la perte d’autonomie.
- Ce déni de la perte d’autonomie est un véritable enjeu pour les proches et les professionnels qui doivent mettre en place une prise en charge adaptée.
- Communiquer, créer un climat de confiance, respecter les choix de la personne âgée, etc., sont autant de stratégies à privilégier pour amener progressivement la personne âgée à accepter sa dépendance.