Alors que la relation entre la perte d’audition et le déclin cognitif est établie, plusieurs études récentes tentent à démontrer que cette altération de la mémoire, du jugement, de la compréhension, et du raisonnement, pourrait également être causée par la pollution atmosphérique. La communauté scientifique s’interroge !
D’où provient la pollution atmosphérique ?
Le plus souvent, la pollution de l’air résulte des activités de l’homme : transports aériens, maritimes et terrestres, agriculture, chauffage résidentiel, sans oublier, bien entendu, les nombreuses industries, notamment la métallurgie… Pour autant, la pollution atmosphérique est parfois naturelle. Il va s’agir, par exemple, d’un nuage de cendres émanant d’un volcan en éruption ou d’un incendie de forêt, d’émanations de soufre dues à l’érosion du sol ou, encore, d’un vent de sable en provenance du désert.
Et des réactions en chaine…
Au-delà des effets immédiats des polluants dits « primaires » (particules, oxydes d’azote, oxydes de soufre, etc.), la pollution est aussi la conséquence de réactions chimiques qui se produisent dans l’atmosphère. Elles sont à l’origine de la formation de polluants dits « secondaires ». C’est le cas du dioxyde d’azote (NO2) qui se forme quand le monoxyde d’azote (NO) réagit avec l’oxygène de l’atmosphère ou, encore, les pluies acides qui sont la conséquence du mélange de dioxyde de soufre avec l’eau.
La pollution, un fléau pour la santé…
Les yeux qui piquent, la gorge qui démange, une toux récurrente… ce ne sont là que quelques uns des symptômes causés par la pollution atmosphérique. Chez les personnes âgées les risques sont encore plus élevés car leur organisme est moins protégé. On sait avec certitude que la pollution de l’air accroît le développement ou l’aggravation de maladies chroniques telles que certains cancers, des maladies cardiovasculaires et respiratoires (asthme, broncho-pneumopathie chronique obstructive, insuffisance cardiaque). On évoque, depuis peu, le fait qu’elle pourrait aussi provoquer des troubles neurologiques.
…qui pourrait même altérer l’intelligence !
Une étude chinoise, réalisée en 2016 auprès de 20 000 personnes, et dont les résultats ont été publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, tend à démontrer l’effet de la pollution de l’air sur la cognition. Selon les scientifiques, des niveaux de pollution élevés entraînent des baisses significatives des résultats aux tests de langue et d’arithmétique, avec un impact moyen équivalent à la perte d’une année d’éducation pour la personne. Le phénomène s’accentue pour les personnes âgées, et plus particulièrement pour les hommes de plus de 64 ans ayant un faible niveau d’éducation. Pour eux, la perte représenterait plusieurs années d’éducation…
Pollution et maladie d’Alzheimer… cela reste à démontrer !
La même année, des chercheurs britanniques de l’Université de Lancaster ont démontré que des nanoparticules toxiques liées à la pollution de l’air se trouvaient en quantité abondante dans les tissus du cerveau. Elles étaient constituées d’un oxyde de fer fortement aimanté, la magnétite, ainsi que d’autres métaux peu présents à l’état naturel dans le corps. On sait que ces particules sont particulièrement toxiques et produisent des radicaux libres, molécules incriminées dans le processus des maladies neurologiques.
Pour autant, rien n’est joué car des chercheurs du CNRS ont reproduit les expériences de l’Université de Lancaster et remis en question ses résultats. Cette nouvelle étude, publiée dans Angewandte Chemie International Edition en 2018, indique qu’en raison de sa très grande stabilité, la magnétite serait inerte in vivo et donc, qu’il est très peu probable qu’elle soit impliquée dans la dégénérescence des neurones observée dans la maladie d’Alzheimer.
Dans tous les cas, il y a une réelle urgence !
En attendant les résultats de prochaines expérimentations, le rapport annuel sur l’état de l’air dans le monde publié en avril dernier par l’institut américain HEI (Health effects institute) tire la sonnette d’alarme. La pollution atmosphérique touche l’ensemble de la planète et plus de neuf habitants sur dix respirent un air pollué.
Celui-ci serait responsable de plus de six millions de morts sur la planète pour la seule année 2016. En France, l’Agence nationale de santé publique indique que les particules fines ont causé 48 000 décès la même année, soit 9% de la mortalité nationale ! Ces études récentes, mettant en lien la pollution atmosphérique et la dégradation de l’intelligence et des fonctions cognitives, sont un signal d’alarme supplémentaire qu’il serait bon de ne pas négliger !
Cet article en synthèse
- La pollution atmosphérique est essentiellement la résultante des activités humaines.
- Elle est la cause de problèmes de santé récurrents, surtout chez les personnes âgées.
- Plusieurs études récentes démontrent qu’il pourrait exister un lien de cause à effet entre la pollution de l’air et le déclin cognitif.
- Le lien entre la pollution de l’air et la maladie d’Alzheimer reste à prouver.