En vieillissant et en étant dépendants, certains de nos proches peuvent devenir plus agressifs. Leur comportement étrange et soudain épuise leur famille comme les professionnels qui prennent soin d’eux. Cette attitude inhabituelle peut cacher différents messages qu’il faut savoir décrypter pour réagir au mieux.
Le caractère devient plus difficile avec l’âge
Bien sûr, il y a ceux qui ont toujours manifesté un caractère très marqué. Avec les aléas et les renoncements liés à l’âge, leur caractère semble se rigidifier ; les traits de leur personnalité s’accentuent en quelque sorte. Cette façon de vieillir reste toutefois une minorité, comme le souligne le Dr Jean-Claude Monfort, psychogériatre au CH Sainte-Anne et auteur de La psychogériatrie*. Il constate cependant que : « cette minorité de personnes âgées hors normes nécessite de s’y intéresser car une seule d’entre elles peut épuiser toute une famille, toute une équipe et parfois même plusieurs, jusque et y compris l’équipe de direction d’un établissement ou d’un Ehpad ».
L’agressivité sonne comme une alerte
Si le degré d’agressivité peut varier d’une personne à une autre, le caractère récent de cette violence n’est jamais gratuit. Il est important d’être vigilant. En effet, plusieurs hypothèses peuvent être à l’origine de la modification brutale de la personnalité :
- une pathologie sous-jacente débutante, comme une maladie d’Alzheimer ou un trouble apparenté ;
- une dépression, en particulier si le caractère difficile apparaît avec d’autres manifestations comme un repli sur soi, une tristesse, un désintérêt, une baisse d’activité non liée à une difficulté physique ;
- un changement dans l’environnement de la personne (retraite, décès d’un proche, d’un ami ou d’un animal familier, hospitalisation ou déménagement) ;
- la modification d’un traitement médicamenteux.
L’état de vulnérabilité en cause
Le changement de caractère d’une personne âgée, jusque-là empathique et conviviale, peut être aussi lié à des peurs comme celle de l’abandon ou de la maladie. Vieillir est une crainte qui entraîne un profond malaise. Plus fragiles et vulnérables, les personnes âgées extériorisent alors parfois par l’agressivité, les sentiments d’injustice et de tristesse face à la dépendance.
* Que sais-je ?, Editions PUF.
Focus
Le syndrome de glissement
Une personne âgée qui refuse violemment les soins présente peut-être l’un des symptômes du syndrome de glissement, décrit pour la première fois en 1956 par le gériatre Jean Carrié. La personne autrefois autonome n’a plus goût à rien. Elle ne veut plus se laver, se lever, manger. Ce syndrome de glissement engendre une situation particulièrement difficile à vivre pour les proches, qui se sentent impuissants, et pour les soignants qui, confrontés au refus de soin, alternent entre « en faire trop » et « pas assez ».
Cet article en synthèse
- La violence des personnes âgées n’est pas une fatalité mais parfois le signe d’une souffrance.
- L’agressivité soudaine peut alerter sur un problème de maltraitance, une pathologie sous-jacente, un choc psychologique.
- Comprendre la violence d’un proche ne signifie pas qu’il faut la subir.