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Méconnue, mal diagnostiquée, pas toujours bien soignée, la dépression touche particulièrement les seniors. Elle trouve son origine dans les aléas du grand âge, mais aussi dans les lésions de notre cerveau.
Entre 13% et 40% des plus de 65 ans souffriraient de dépression. Difficile d’obtenir des chiffres plus précis. Si les gérontologues commencent à la reconnaître, la maladie est largement méconnue du grand public, peu diagnostiquée et souvent mal soignée. Résultat, la dépression des seniors reste non diagnostiquée dans 70% des cas.
Les raisons ? Le repli, l’anxiété, le sentiment de vide et d’inutilité, les douleurs physiques ou les troubles du sommeil – caractéristiques de la dépression des seniors – sont souvent imputés au seul vieillissement. Ils seraient liés, à tort, au « déclin inéluctable ».
La dépression peut aussi être cachée par d’autres pathologies, comme Alzheimer.
Les seniors dépressifs eux-mêmes mettent difficilement des mots sur leurs maux.
Par pudeur, sûrement. Par manque d’écoute des proches et des médecins, aussi.
Quelles sont les causes de la dépression ?
À un certain âge, les événements douloureux et susceptibles de faire basculer dans la dépression sont plus probables : veuvage, passage à la retraite, maladies, éloignement familial, isolement social, peur de la mort, entrée en Ehpad, etc. Les personnes ayant des antécédents dépressifs sont davantage exposées. Être triste après un évènement difficile est normal. Mais à la différence d’une dépression, cette tristesse n’est pas présente 24 heures sur 24, sept jours sur sept. La prise de certains médicaments comme les corticoïdes, destinés à soulager des douleurs, peut provoquer la dépression.
Selon des spécialistes, la dépression trouve aussi son origine dans le cerveau. Un article du Figaro*, « La dépression chez les seniors, une maladie banalisée », relate que « certaines maladies ou accidents cérébraux-vasculaires pourraient prédisposer ou accélérer des syndromes gériatriques dépressifs. Les personnes âgées les plus touchées par la dépression, et notamment celles qui répondent mal aux antidépresseurs traditionnels, sont celles qui présentent le plus de lésions et anomalies dans le cerveau. Des anomalies que l’on peut espérer soigner ». Le vieillissement du cerveau est aussi en cause. Avec l’âge, il peut y avoir un déséquilibre dans la production d’hormones ou de neurotransmetteurs, notamment de la sérotonine qui joue un rôle dans la survenue d’une dépression.
Des conséquences tragiques
La dépression est directement liée au taux de suicide élevé des personnes âgées. Ces derniers représentent 28% des suicidés en France. Une étude de l’Inserm constate que les 65-74 ans mettent trois fois plus souvent fin à leurs jours que les jeunes. Et jusqu’à six fois plus après 85 ans. Le suicide est la troisième cause de décès chez les seniors après le cancer et les maladies cardio-vasculaires.
La dépression, une maladie qui se soigne
Les soins passent aujourd’hui par les antidépresseurs (associés souvent à des psychothérapies). Mais les médicaments sont trop souvent prescrits à des doses insuffisantes (par crainte des interactions avec les autres médicaments). Plusieurs tentatives thérapeutiques sont parfois nécessaires pour vaincre la maladie.
Les électrochocs sont aussi utilisés dans le traitement de la dépression sévère.
Face à un sentiment de déprime continue, il ne faut pas hésiter à en parler à un proche ou consulter son médecin traitant.
* “La dépression chez le senior, une maladie banalisée”. Anne Debroise. Le 22 juillet 2018.
Cet article en synthèse . Entre 13 et 40% des seniors souffriraient de dépression. . La maladie reste méconnue, taboue, mal diagnostiquée et souvent mal soignée. . La dépression, qui peut avoir de graves conséquences (en particulier le suicide), peut se soigner. |